Rozen Van Warketh

Il se nomme Van WarKeth Rozen, dit Roz, fils des étendues glacées de Kanaloän. Il tient son nom de famille de la longue lignée de Princes Kanaloäns dont il descend. Son prénom signifie "le déluge" en démoniaque, tout du moins, la prononciation est la même, si ce n'est l'écriture.
Il vient de fêter ses vingt et une années. Il est né le vingt deuxième jour de la période de la Lune Pleine, temps de la chasse dans les Terres Kanaloännes. Ce qui équivaut au 21 décembre dans le calendrier universel. Sa mère lui racontait souvent qu'il n'avait pas neigé depuis près de quatre-vingt jours, et que sa naissance avait déclenché une terrible tempête qui en dura neuf. D'où son prénom.
Il est humain, bien qu'il possède un quart de sang de Démon de par sa mère. On reconnait facilement à sa stature qu'il est du peuple nordique. Également, il est Mage de Guerre, tout du moins, il travaille pour le devenir.
A son arrivée ici, il a rejoint la Tour des Arcanes, et est à présent sous la protection d'Alarin Zith Quimn, son maître.

Un regard extérieur détaille le jeune homme. Il est là, debout entre deux rayons de la grande bibliothèque, un livre entre les mains, le regarde perdu sur les sortilèges qu'il apprend. Rozen ne parait pas très grand. Seul son long manteau pourpre lui donne une impression de puissance sage, une force retenue. Si on lui retire son manteau, qu'on l'assoit sur le bord d'un lit, il ne dégage plus du tout la même aura. Son torse est finement taillé, ses jambes sont longues. Ses doigts sont longs, ses mains calleuses, le bout de ses doigts est doux. Il repose le livre et se tourne. Ses lèvres sont fines, légèrement rougies par le froid qui court sous sa peau, dans sa veine. Ses yeux fixent, mélancoliquement, le vide, les Ténèbres dans un coin de la pièce. Ses prunelles sont rouges, hm, non, davantage rosées. Hésitant entre un rose doux et un pourpre franc. Aussi franc que son chaud manteau. La marque sur sa joue intrigue, ou fait sourire ceux qui savent ce qu'elle signifie. Ses cheveux courts sont d'un joli blanc gris qui s'accorde à la perfection avec la couleur de ses yeux. Et l'unique être, qui peut le voir dans toute sa nudité, sait que sa survie sur les plaines enneigées a laissé des cicatrices profondes et parfois encore douloureuses, ça et là.
Nul n'ignore que l'apprenti d'Alarin est marqué à la joue. Son tatouage signifie "Eternité" en démoniaque. Une éternité de solitude et de douleur, un renouveau habituel pour la race démoniaque.
S'il parait nostalgique et rêveur au premier abord, ne doutez pas qu'il est attentif au moindre détail et qu'il n'hésitera pas à s'imposer entre deux personnes qui se querellent. Curieux et avide de connaissances et de puissance, Rozen n'en reste pas très fidèle à son maître et à ceux qui comptent pour lui. Pour autant, il reste très respectueux de ses aînés et de ceux qui détiennent le pouvoir. Si on lui dit "tue", il le fait, "obéis" pareil, "aime" idem. N'est-ce pas, Maître Alarin ? Il cherche un bonheur qu'il ne laissera pas lui échapper à présent. Et il est prêt à tout pour cela, même à détruire quelqu'un. Lui qui a élevé parmi un peuple où tous se serraient les coudes sans réfléchir, il a besoin de retrouver cette ambiance. Également, il est resté très croyant de par son éducation, même s'il est resté discret sur ses pratiques depuis qu'il est dans la Tour.

Sous sa cape pourpre, très chaude, on peut parfois percevoir un petit couteau accroché à sa cuisse, sous sa tunique. C'est un "au cas où", il n'est pas très doué pour les armes et les corps à corps (hm, hm...) Il se balade également, lors de ses missions, avec une besace. Il l'avait déjà quand il est arrivé, cherchant un refuge dans son désespoir. On y trouve quelques livres, le pendentif de sa mère dans son écrin, une plume et quelques parchemins, des bandages et un onguent de soin.

Acrobatie : 0 Artisanat : 0 Combat : 0 Connaissances : 2 Magie : 2 Tir : 0

Rozen a la capacité de donner vie, de par sa magie, a un dessin, et ce pour un court laps de temps. S'il dessine un oiseau, il peut le rendre vivant durant quelques instants, par exemple. Il parle également le démoniaque de par sa mère. Elle prit le temps, avant de disparaitre, de le lui apprendre, avec toute la patience et la tendresse dont sait faire preuve une mère. Pour terminer, sa magie, même si elle n'atteint pas encore un niveau très élevé, lui permet de prendre la forme d'un animal du Nord, presque la Bête. Une sorte de gros loup, au pelage blanc, deux cornes glissent contre les oreilles, et deux queues le différencient des autres loups de nos contrés.

Les chiens aboient, les hommes crient. Puis, le silence résonne : le sol gronde, et leur proie apparait, grogne, leur promet une partie de chasse exaltante. Encore aujourd'hui, elle défendra chèrement sa peau. Une tâche pourpre se dégage de la blancheur de la neige. Le Roi s'avance lentement, alors que ses hommes s'écartent. Il faut qu'il tue la Bête pour ramener les tempêtes, c'est ainsi que le veut leur croyance. Le temps est lourde, le soleil reste bas. Le ciel est menaçant. Une lourde hache à la main, il s'arrête, la Bête gronde, se met en position d'attaque. Les chasseurs forment un cercle. La Bête charge enfin, évite la hache la première fois, ses cornes frôlent la longue cape rouge que porte l'homme du Nord. Le deuxième coup l'effleure et le rouge macule la fourrure blanche, à l'image du manteau pourpre sur la peau glacée du Roi. Cela ne semble pas gêné la Bête, qui se redresse de toute sa hauteur, et pousse un cri à glacer le sang. Le Roi resserre son arme dans son poing. Elle ne craint pas les hommes, et celui-là encore moins. Elle est envoyée des Dieux. Les coups pleuvent, le Roi est blessé mais n'en ai pas gêné. La proie hésite un instant, se méfie soudain, tente une percée et la réussit. Ses pas, sa fuite, résonnent sur la terre glacée. "Elle nous a échappés, Majesté..." "Ce n'est rien, nous recommencerons demain". Les hommes rentrent, retournent auprès de leur femme. La Reine est enceinte, et bientôt, un héritier viendra à naître. Le Roi prie auprès des Dieux, s'excusant pour l'échec de cette journée. Mais il ne baisse pas les bras. C'est la huitième fois que la Bête s'échappe. Les tempêtes ne sont pas prêtes de s'abattre sur le monde et de ramener le gibier... Il réussira, demain, oui. L'enfant naquit cette nuit-là. La Reine hurla à gorge déployée en le mettant au monde, le Roi attendit auprès de ses hommes. Tous pensaient fêter cette naissance dignement, avec alcool, rires gras et denrées rares pour la saison, tout cela sous la Lune Pleine et les étoiles étincelantes. Il n'en fut rien. Au moment même où le premier cri du nourrisson résonnait sur les Terres Enneigées, la violence des éléments s'abattit sur eux. Le jeune prince fut baptisé Rozen, par sa mère. Et on le présenta aux Dieux avec bonheur et fierté. Il avait vaincu la Bête...

"Rozen, bon sang, reviens ici immédiatement !" L'enfant a huit ans à peu près. Il passe son temps à fuir les journées interminables à apprendre comment faire ceci et pourquoi dire cela. Les Dieux veillent sur lui, alors peu importe le reste. Un jour, il portera le lourd manteau pourpre. Son père le lui rappelle bien chaque jour depuis le départ de la Reine. Sa mère lui manque. Une nuit, elle est partie, pieds nus dans la neige, sous la Demie Lune du Printemps, relatif dans la région. Depuis, Rozen est seul avec son père. La personne qui lui crie après, c'est Poulack, un jeune chasseur qui a la confiance du Roi. Il le surveille jour après jour, inlassablement. Et pourtant, le petit garçon n'est pas facile à vivre. Trop curieux, trop avide de savoir, de découverte. "Poulack, viens voir !" Ah, le voilà. Le Prince est agenouillé dans la neige, face aux chiens qui l'observent en battant sagement de la queue. "Que fais-tuencore ?" "Regarde !" L'enfant a une feuille sur les cuisses et un crayon entre les doigts. Poulack se penche par dessus son épaule, vaguement intéressé. Rozen a reproduit à peu près correctement l'un des chiens en face de lui. Le jeune homme fronce les sourcils, et sursaute presque quand l'animal sur le dessin tourne légèrement la tête. C'est infime, cela ne dure qu'une seconde, mais... Le garçon éclate de rire et lève la tête vers son ainé. "Tu as vu ?" Et Poulack sourit avec douceur, en lui ébouriffant les cheveux. "Oui, c'est bien..." On comptait peu de magiciens dans la population des Plaines Enneigées. Ils étaient des chasseurs, les armes et le corps à corps étaient leurs domaines. Le jeune Prince était exceptionnel. Mais ça, personne n'en doutait parmi eux.

Les chiens commencèrent à aboyer tard dans la nuit. Les hommes dormaient et le silence régnait sur l'étendue enneigée. Quelque chose ne va pas. Le Roi se lève sans tarder et quitte la demeure. Le lourd manteau pourpre est toujours là sur le fauteuil. Quelques instants plus tard, les cris résonnent au dehors. Rozen se lève à son tour, tout engourdi par le sommeil. Il n'a que douze ans, ce n'est encore qu'un enfant. Il a peur... Il s'habille et ose mettre le pied dehors. Une odeur de fumée, et de sang, lui vrille les narines. Il se recule malgré lui, alors qu'une haute silhouette apparait soudainement devant lui, l'épée brandit au-dessus de sa tête. Il l'évite et court jusqu'aux chiens, silencieux depuis quelques minutes. Égorgés les un après les autres. Plusieurs maisons sont en feux, les cris continuent de lui emplir la tête. Les larmes lui montent aux yeux. On l'attrape par le bras, il se débat. "Calme-toi, Rozen, c'est moi !" Poulack... Il ne comprend rien. Le plus âgé le tire dans l'ombre d'une maison et fixe quelque chose. De là où ils sont, ils voient la place. Le silence s'abbat alors sur le lieu. La neige est maculée de sang, ce n'est plus que de la boue rouge, souillée. "Ce sont les guerriers du peuple Giantamans... Ils ont renié le traité de paix... C'est la guerre, Rozen..." Son père est accroupi par terre. Il souffre, souffle fort, essuie le sang qui lui coule du nez et de la bouche. Quelques instants plus tard, sous les yeux terrifiés du petit Prince, la tête du Roi roule dans la neige, son corps s'affaisse bruyamment. Rozen a envie de hurler mais la main de Poulack l'empêche toujours de dire quoi que ce soit, l'étouffe presque. Il faut qu'ils fuient, dit le chasseur, mais jamais son précepteur ne quittera le village... Trois guerriers leur tombent dessus, il y a des cris, des injures, du sang encore et encore. Et la mort à nouveau... Rozen a les joues salies par les larmes. Sa colère et sa tristesse, peut-être la protection que les Dieux portent sur lui également, font qu'il se débat aussi violemment, aussi fièrement que la Bête ne l'a fait le jour de sa naissance. Il leur échappe et court. Court à en avoir les poumons en feu, droit devant lui, dans la neige. "Ce n'est pas grave, personne ne survit seul sur la Lande..." Mais lui survit... Quelques jours plus tard, il revient dans les décombres de son village. La neige a pratiquement tout recouvert. Et chez lui, il retrouve le long manteau de son père...

Durant son errance sur les Terres Enneigées, il a vu de nombreux lieux, de nombreuses batailles. Le sang qui tâche la neige, sous la Lune immuable. Les cris et les pleurs, la haine et la douleur. Les hommes se faufilent la nuit dans les maisons pour égorger les femmes et les enfants, pour massacrer les hommes, pour prendre les richesses et brûler les villages et les villes. La famine fait rage, le gibier s'est enfui loin de ces plaines ensanglantées. La guerre ravage son pays, sans que personne ne voit la fin de cette horreur. Et lui est seul. Toujours et irrémédiablement seul. Il n'est plus rien, il n'a plus d'identité, plus de famille, plus d'amis et encore moins d'honneur. Il devrait être mort avec les siens, ainsi il ne serait pas le spectateur de la chute des Étendues Enneigées. Les Dieux les ont-ils abandonnés ? Rozen n'a pu oublier le visage de celui qui a assassiné son père. Ce Roi Giantaman qui a détruit la paix relative. Mais après tout, ils sont des peuples de guerriers. Ils ont tous grandi dans le sang... Peut-être est-ce ce froid, qui coule dans leur corps, qui les pousse à commettre tant d'horreur pour se réchauffer. La nuit tombe alors que l'adolescent fixe le village éphémère qu'ont construit les Giantamans. Demain, ils s'attaqueront au peuple Sonial, installé plus loin durant la période de la Grande Chasse. La Lune Pleine est cachée par de lourds nuages, et de même, ces nuages empêchent quiconque de remarquer la silhouette qui se faufile sans bruit entre les maisons. La magie ne lui sert à rien, pas alors qu'il va... La lame du poignard s'enfonce bien profondément, comme il l'aurait fait dans du beurre, dans le torse de l'homme. Il se réveille, se débat, mais le sang s'écoule de lui. C'est trop tard. Rozen se rend compte que ça ne le calme pas, que ça ne sert à rien, qu'il se sent toujours coupable, si ce n'est davantage encore. Il observe le visage livide et haineux de l'homme, ses mains tachées de sang et grogne. Il s'en va comme il est venu. Alors que le Prince s'éloigne sur la neige, les cris résonnent derrière lui alors qu'on découvre le Roi. Peu lui importe le reste, peu lui importe que la guerre continue ou non. Il a vengé son Père. La Bête l'observe, du haut d'une falaise de glace, et pousse son hurlement de douleur, faisant écho à celle qui torture l'adolescent.

Rozen a erré longtemps. Il n'avait nulle part où aller, aucun lieu où s'arrêter définitivement, aucun endroit qui le protégerait du reste du monde, et de ses cauchemars. La solitude l'étouffe peu à peu. Il resserre le long manteau sur son corps, et remonte la besace sur son épaule. Le jeune Prince n'en peut plus... Il lui faut se poser, et oublier un temps la longue route qui l'a mené jusqu'ici. Il a laissé la guerre derrière lui, marche dans les pas des hommes qui ont quitté la Terre Enneigée pour trouver des lieux plus appropriés à leur survie. Il a visité quelques mondes, appris quelques pratiques magiques sur son chemin. Mais n'a jamais trouvé ce lieu qui l'attirera et l'emprisonnera pour ne plus le laisser repartir. La forteresse des Ombres vient obstruée son champ de vision. Rozen s'arrête et détaille cet imposant spectacle. Cela fait trois semaines du calendrier universel qu'il marche sans croiser de villages ou d'auberges pour se poser, même une nuit. Et dormir à la belle étoile, il n'en peut plus... Il n'en peut plus, oui. La remarque est parfaite. Il pousse la lourde porte et pénètre dans la Tour. Pour ne plus en repartir. On lui offrit une chambre, un lit, un bureau et de grandes fenêtre qui laissent voir le ciel. Une haute cheminée réchauffe la pièce. Il abandonne la lourde cape, et s'écroule tout habillé sur l'édredon. Il dort quatre jours, ne se réveillant que pour mieux se rendormir. Enfin... Après tout, ne dit-on pas que cet endroit fut créé pour accueillir ceux qui n'avaient plus de lieux où rentrer ? Pour protéger ceux qui n'avaient que des ennemis au dehors ? Rozen a le cœur empli de vide. Il ne souhaite que dormir.

"Maître Alarin ?" Le jeune homme a finalement trouvé quelqu'un auprès de qui vivre. Quelqu'un qui a obtenu son respect et qui n'hésite pas à l'accepter tel qu'il est. Il sourit en trouvant son maître, perdu dans ses pensées, assis dans ce grand fauteuil, dans la chambre silencieuse. Il s'avance vers lui, sans hésiter, oublie sa cape sur un fauteuil et s'agenouille devant le Drow. "A quoi pensez-vous, maître Alarin ?" Ses mains caressent avec douceur les cuisses de son aîné. La suite est une page blanche, pressée d'être recouverte d'une écriture fine, celle des Dieux...